Disciplinez un enfant hors contrôle!
- Sylvie Martin, psy
- 13 mars 2019
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 janv. 2023

J’ai lu pour VOUS
Guide de survie, Élever votre enfant hors de contrôle
ISBN: 9782896548170 -
Auteur: George M. Kapalka
Collection: Guide de survie
Ed. Broquet
Pour qu’une méthode fonctionne, il faut d’abord faire un acte de « foi », donc croire à son efficacité. Si le parent anticipe et imagine que la situation va déraper, il part déjà sur un espoir négatif. Quand l’intervention ne marche pas, cela augmente le sentiment d’échec du parent.
Si un enfant est puni et frappé parce qu’il n’écoutait pas, à l’âge adulte, cela donnera une personne qui ne met pas ses limites.

Un enfant obstiné dépend de 3 choses : l’adulte ne s’affirme pas, ou l’enfant n’endure pas l’autorité ou l’enfant est très tenace.
Pour aider l’enfant, on met l’accentsur le comportementau lieu de son attitude.
Les enfants incontrôlables sont souvent impulsifs.
L’enfant a besoin de solidarité parentale. L’ambiance dans la famille affecte le ressenti de tension et de stress.
Donc, ce qui est aidant, c’est de rendre le milieu familial prévisible et cohérent. Il importe de faciliter les transitions.
Celui qui reste calme, maîtrise la situation.
Si vous êtes anxieux, c’est que vous interprétez une situation selon vos schémas de peurs antérieures et futures. Après, votre corps et votre tête manifestent des réactions anxiogènes et la peur s’amplifiera si vous ne passez pas à l’action pour surmonter les peurs. Ce n’est pas parce qu’on met de côté une peur qu’elle va disparaître. Si vous avez peur que les gens vous jugent quand vous tentez de contrôler votre enfant en crise dans un magasin et que vous cédez à son chantage en lui achetant le bien de consommation convoité, vous n’avez rien réglé. Vous lui avez donné plus de munitions et il sait maintenant comment faire pour obtenir ce qu’il veut.

Comment donner un ordre?
1. Signal d'attention : être près de votre enfant, le regarder dans les yeux et obtenir son attention avant d'aller plus loin.
2. Donner l'ordre en regardant droit dans les yeux de l’enfant, s’adresser à lui par son prénom ensuite, demander une action précise concrète de façon respectueuse mais ferme (ex: « S’il te plait « prénom » ramasse tes jeux maintenant»).
Attention à la communication non verbale qui reflète vos vrais sentiments. Si par exemple, vous doutez du résultat, l’enfant le perçoit. Vous pouvez expliquer le motif de la demande, mais ne tombez pas dans le panneau de sur expliquer. Il faut donner 1 ordre à la fois. Si votre enfant a un problème d’attention ou qu’il était très absorbé avant de s’arrêter pour écouter votre ordre, demandez-lui de répéter l’ordre que vous avez formulé afin de vous assurer qu’il a bel et bien entendu et écouté.
1) Le suivi du regard
Une fois l’ordre expliqué et donné, vous restez au moins 15 secondes en le suivant du regard. Une fois l’enfant en action, vous le félicitez.
Si vous donnez l’ordre une première fois sans résultat, vous répétez l’ordre en le regardant et en nommant son prénom: « J’ai dit, s’il te plait, éteins la télévision maintenant ». S’il obéit, vous le félicitez, autrement, vous servez l’avertissement.
Avertissement: « Si je dois ramasser à ta place tes jouets, tu ne jouerais plus avec eux car je vais les mettre de côté ». « Si tu n’éteins pas la télé dès maintenant, je l’éteindrai à ta place, mais tu ne la regarderas pas du restant de la journée ». Assurez-vous de donner la conséquence rapidement. L’enfant doit établir le lien entre le comportement et la conséquence. Vous aurez à être patient et à essayer la conséquence peut-être jusqu’à 8 fois avant de sensibiliser votre enfant. La conséquence doit être annoncée pendant l’avertissement.
Apprenez à maîtriser un accès de colère
Vous demandez à votre enfant d’arrêter ce qu’il fait. Vous lui parler sur un ton assez fort mais sans crier tout en maintenant le contact visuel. Vous patientez 15 secondes. Vous lui annoncez que s’il ne s’arrête pas, il ira en retrait. Vous attendez un autre 15 secondes. Vous demandez à votre enfant d’aller par lui-même au lieu de retrait que vous lui avez indiqué. S’il ne le fait pas, vous l’amenez en lui disant d’y rester jusqu’à ce que vous lui disiez de partir. Vous chronométrez 1 minute par tranche d’âge, sans dire à votre enfant combien de temps il doit rester en retrait. Quand le temps est écoulé, vous allez vers votre enfant au lieu de retrait et lui demandez s’il sait pourquoi vous l’avez mis en retrait? Si votre enfant est très jeune, aidez-le en lui expliquant de nouveau pourquoi vous l’avez mis en retrait. Vous terminez en disant que chaque fois qu’il aura ce comportement, il retournera en retrait.

Le lieu de retrait est un endroit sans stimulation (ex: coin d’une pièce, escalier, salle de bain, une chaise ou divan de salon). Soyez hors du champ de vision de votre enfant tout en gardant un oeil sur lui.
Si votre enfant se débat, il vous faudra peut-être l’asseoir sur une chaise et lui tenir les 2 bras par derrière afin d’éviter que l’enfant ne vous frappe avec les pieds ou autres. Vous répétez à l’enfant que s’il arrête, vous lui lâcherez les mains mais il doit rester assis.
La distribution équitable des tâches (p.112)
Pour vous aider à ce que vos enfants assument leur responsabilité, vous devez d'abord définir la liste des tâches à faire sur une base quotidienne et à vous entendre avec chaque enfant pour distribuer équitablement les tâches. Les tâches qui doivent être faites ponctuellement, seront abordées plus loin.
Ensuite, vous établissez un système de pointage ou de jetons pour représenter la valeur de chaque tâche accomplie. En échange des jetons ou du pointage, l'enfant pourra faire des échanges pour des récompenses déjà établies. Par exemple, louer un film de son choix pourrait valoir 10 jetons et 2 jetons récompenses pour avoir fait son lit. Si vous avez plusieurs enfants, chacun a sa couleur de jetons. Il vous faudra toujours commencer par des petits objectifs, car la motivation vient avec la fierté d'avoir réussi quelque chose de significatif. Pour débuter, il ne faut pas inclure des comportements que vous désirez que votre enfant cesse, mais vraiment des petites responsabilités. Si votre enfant a accompli sa tâche mais s'est mal conduit, donnez-lui le jeton quand même mais trouvez une autre conséquence pour souligner le mauvais comportement. Ne lui retirez pas le jeton qu'il vient de gagner.
Pour aider votre enfant lors des devoirs
Prévoyez du temps et un espace avec peu de distraction, mais pas trop isolé.
Vous installez des routines, dont celle du temps réservé aux devoirs. Si vous avez plusieurs enfants, la période réservée aux devoirs sera la même pour tous. L'idéal est une demie heure après le retour de l'école ou une heure avant le souper ou immédiatement après le repas du soir.
Suivez les devoirs à faire dans l'agenda de chaque enfant.
Établissez d'avance les règles des devoirs. Par exemple l'enfant aura accès à ses 2 jetons s'il a apporté tout le matériel, bien inscrit les tâches à faire dans l'agenda et complété ses devoirs à temps.
Demandez à votre enfant de faire un devoir à la fois, si possible, en débutant par le plus difficileet il vous le montre lorsque complété. D'après votre règle des devoirs, votre enfant aura été informé que tant que sa responsabilité de devoirs et leçons n'est pas terminée, il ne pourra pas utiliser ses jetons pour avoir une récompense.
Ne jamais donner les réponses à votre enfant.Habituez-le à chercher, à réfléchir etsurtout à se faire confiance. S'il ne comprend pas la consigne du devoir, vous pouvez lui expliquer à votre façon. Si votre enfant a bâclé son travail, demandez-lui de recommencer avant de passer au devoir suivant. Attention de ne pas cependant exiger la perfection.
Accordez toujours une à deux semaines pour ancrer un nouveau comportement, avant de choisir d'ajouter un nouveau défi.
L’ajout de tâches occasionnelles
Vous avez déjà appris à établir une liste de tâches à faire à chaque jour, il est temps d'ajouter d'autres tâches qui sont occasionnelles. Pour les plus gros travaux, par exemple passer l'aspirateur partout dans la maison, ne divisez pas cette tâche entre vos enfants, mais faites-vous aider d'un enfant à tour de rôle dans une partie de la tâche. Chaque enfant aura à tour de rôle la chance de vous assister et d'avoir sa récompense. Avant de donner le "contrat" d'aide, faites connaitre combien vaut la récompense pour la tâche qui sera effectuée.
Une fois l'enfant habitué à respecter les petites tâches, vous pouvez récompenser pour l'ensemble de l'œuvre et non plus pour chaque tâche. Par exemple, au début vous récompensiez 1 jeton parce qu'il faisait son lit, 1 autre jeton parce qu'il rangeait son linge, 1 autre jeton parce qu'il déposait son linge sale au bon endroit et au bon moment, maintenant vous traitez le tout en globalité. Vous lui donnerez 1 jeton et non pas 3, parce qu'il a bien mis en ordre sa chambre. Soyez cependant très clair dans vos attentes.
La conformité du 1er coup
Pour valoriser la mise en action du premier coup, dites à votre enfant que s'il s'exécute dès votre première demande, vous allez lui donner un jeton bonus. Par exemple, votre enfant sera informé d'avance que s'il range immédiatement ses jouets quand vous le demandez, il aura son jeton bonus supplémentaire. Quand vous obtiendrez des résultats satisfaisants et stables (1 à 2 semaines), vous allez lui préciser que maintenant, vous cesserez de le prévenir qu'il aura un bonus s'il s'exécute immédiatement, mais il aura quand même son jeton bonus. Félicitez-le toujours même s'il gagne un bonus. À la longue, vous pourrez espacer le renforcement continu.
Au fur et à mesure que vous augmentez la liste des responsabilités, vous en faites de même pour la liste de récompenses. Pour racheter une récompense, votre enfant aura besoin de plus de jetons, car le nombre de récompenses est plus grand. Comme vous avez déjà l'intention de l'inviter à un parc d'attraction, laissez-lui gagner beaucoup de jetons pour qu'il en dépense à des jeux d'adresse, de manèges, etc.

Si votre enfant accumule les jetons sans les échanger, dites-lui que tout jeton non dépensé à la "xième" fin de semaine, sera expiré et le programme repart à zéro. Utilisez cette tactique avec parcimonie, car votre enfant pourrait conclure qu'il est inutile d'économiser.
Les enfants ont leur variation d'humeur tout comme nous. Si une journée, il se bute à ne rien faire et que vous devez ramasser tous ses jouets, il pourra en récupérer un à la fois en échange d'un jeton et le jeu dure maximum trente minutes. Pour avoir accès à un autre jouet, il devra d'abord ranger le premier et échanger un autre jeton pour un jouet qu'il pourra avoir pour 30 minutes.
Coût à payer pour un comportement négatif
Comme vous avez mis en route le programme de privilège, que vous savez comment donner un ordre, vous pouvez maintenant introduire le coût de jetons pour des transgressions spécifiques. Ici on parle bien de coût et non pas de punition. L'enfant apprend qu'il y a un coût à payer pour des comportements négatifs. Vous agissez sur 1 comportement à la fois, vous attendez que celui-ci soit réglé pour passer au suivant. Par exemple, si votre enfant fait exprès pour claquer les portes violemment, vous retirez un jeton à chaque fois. L'enfant doit savoir d'avance que s'il claque les portes au lieu de les fermer doucement, il devra verser 1 jeton. Si c'est sa soeur qui vous en informe et que vous n'étiez pas témoin, vous ne retirez rien.
Vous pouvez sévir pour les jurons, obscénités, agression physique. Lors d'un comportement agressif, vous devez le mettre en retrait et retirer un nombre prédéfini de jeton.
Gérez les situations hors de la maison
Si vous désirez magasiner avec votre enfant qui habituellement est turbulent, agressif, vous devez établir des règles claires avant même de vous rendre au magasin. Vous regardez votre enfant dans les yeux et lui dites que dès que vous serez dans le magasin, vous voulez qu'il reste à vos côtés et calme. Ensuite, vous faites répéter votre consigne à votre enfant pour vous assurer d'avoir été assez clair. Le parent annonce ensuite la récompense qui viendra si la règle est observée (ex: je te donnerai 3 jetons). Encore une fois, l'enfant doit répéter à son parent la règle de récompense. Pour terminer, le parent annonce aussi d'avance ce qui se passera si l'enfant ne respecte pas la règle (ex: rendu à la maison, je vais prendre dans ton pot 3 jetons).
L'enfant répète sa compréhension de la règle du coût. L'enfant a toujours droit à 1 avertissement avant de perdre un jeton. Évidemment, ne prévoyez pas de défi trop difficile pour votre enfant. Par exemple, si l'enfant a quatre ans et que vous lui demandez d'être silencieux à la messe du dimanche pendant 1 heure, cela pourrait être un défi trop grand pour lui qui a un grand besoin de bouger et parler.
Aidez votre enfant dans les transitions
Il est naturel que les enfants avec peu de contrôle de soi, éprouvent de la difficulté à arrêter leur activité plaisante pour passer à autre chose.
Pour arriver à bout de ce problème de transition, fixez les règles, les récompenses, les coûts à l'avance pour avoir suivi ou non les règles. Pour un bon déroulement de la transition, il est nécessaire de préparer votre enfant mentalement en lui donnant des avertissements en trois temps, avant le moment réel de la transition. Par exemple, vous pourriez préparer votre enfant pour l'heure d'aller au lit en lui disant que dès que le programme de télévision sera terminé, il ira brosser ses dents, ensuite au lit pour dormir. En deuxième temps, vous lui rappeler à quel moment la transition aura lieu. En troisième temps, vous lui dites que c'est le moment d’aller au lit et se coucher.
Si l'enfant respecte l'entente, il aura tel que prévu sa récompense (ex: je te lis une courte histoire) et un jeton supplémentaire s'il l'a fait dès votre 1er demande, en plus de vos félicitations. Si au contraire, il n'agit pas comme prévu, l'enfant perdra sa récompense (pas de lecture) et pas de jeton. Vous vous assurez toujours que vous avez bien communiqué la consigne à votre enfant, en lui demandant ce qu'il a compris.
Chaque fois qu'un parent prévoit une conséquence, elle doit être cohérente via le geste de l'enfant et son âge. Vous devez aussi être constant et ne pas changer d'idée parce que vous êtes pressé ou fatigué. L'enfant a besoin de prévisibilité. Soyez ferme mais calme.
Voici un avis publié par la police de Houston, au Texas sur le parfait délinquant (voir Danie Beaulieu, psychologue, (http://www.academieimpact.com/fr)
1. Dès l’enfance, donnez-lui tout ce qu’il désire. Il grandira en pensant que le monde entier lui doit tout.
2. S’il dit des grossièretés, riez : Il se croira brillant.
3. Ne lui donnez aucune formation spirituelle. Quand il aura 18 ans, il choisira lui-même.
4. Ne lui dites jamais : « C’est mal ». Il pourrait développer un complexe de culpabilité. Et plus tard, lorsqu’il sera arrêté pour vol d’autos, il sera persuadé que la société le persécute.
5. Ramassez ce qu’il laisse traîner. Ainsi, il sera sûr que ce sont toujours les autres qui sont responsables.
6. Laissez-lui tout lire. Stérilisez la vaisselle, mais laissez son esprit se nourrir d’ordures.
7. Disputez-vous devant lui. Quand votre ménage craquera, il n’en sera pas choqué.
8. Donnez-lui tout l’argent qu’il réclame. Qu’il n’ait pas à le gagner. Quand vous n’en aurez plus, il n’aura qu’à voler.
9. Prenez toujours son parti : « Les professeurs, la police, en veulent à ce pauvre petit. »
10. Que tous ses désirs soient satisfaits : nourriture, boisson, confort. Sinon, il sera frustré.
11. Quand il sera devenu une loque humaine, proclamez vite que vous n’avez pu rien faire de lui.
12. Préparez-vous à cette vie de douleur. Vous l’aurez ! Et cette vie de douleur ne sera pas seulement votre vie, mais aussi celle de votre enfant chéri.
Blog réalisé par Sylvie Martin, psychologue, Laval, Québec, Canada
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